Salemi, un des plus charmants villages de la province de Trapani, est perché sur une colline de l’ouest de la Sicile, classé parmi « les plus beaux villages d’Italie » (borghipiubelliditalia.it) grâce à son centre historique d’origine médiéval caractérisé par ses ruelles tortueuses et pavées, son patrimoine et ses petits musées.
Son château normand domine un paysage verdoyant et fertile, où poussent vignobles, oliveraies, amandiers et champs de blé. Au crépuscule, on y observe le soleil se coucher au dessus des îles Egades et des salines de Marsala.
La ville a en partie été reconstruite après le tremblement de terre de 1968 qui détruisit une grande partie de la vallée, certaines ruines ont été conservées en l’état.

Salemi est également connue pour son rôle dans le Risorgimento italien : en 1860, Giuseppe Garibaldi y proclama symboliquement Salemi « première capitale de l’Italie unifiée » lors de son avancée en Sicile.

Château normand et souabe de Salemi, Sicile

Château de Salemi

Que voir et faire avant tout à Salemi

  1. Château Normand‑Souabe
    Sur la Place Alicia, le château normand de Salemi est l’emblème historique et architectural de la ville (principalement des XIe-XIIIe), remontant aux normands. Il côtoie les vestiges de l’ancienne église mère.
  2. Musée civique de Salemi
    Installé dans l’ancien collège des Jésuites, le Polo Museale di Salemi regroupe plusieurs collections essentielles pour comprendre l’histoire de la ville et de sa région : art sacré, archéologie, Risorgimento, mafia.Mokarta et Monte Polizzo (vestiges archéologiques)
  3. Centre historique et patrimoine religieux
    Se promener dans le centre médiéval de Salemi, avec ses ruelles étroites, façades en pierre locale, édifices religieux comme l’église de Sant’Annedda, l’église et couvent de Sant’Agostino, Sant’Ignazio di Loyola.
  4. Traditions et artisanat local
    Salemi est connue comme « la cité des pains », en raison de sa tradition séculaire de fabrication de pains votifs, dont on trouve deux petits musées qui y sont consacrés.

Aperçu historique de Salemi

Halyciae fut d’abord connue comme une ville élyme, plus tard peuplée de carthaginois, et qui fut le théâtre de batailles entre les villes de Sélinonte et Ségeste.
Elle s’est soumise sans résistance aux romains en 272 avant J.-C., bénéficiant pour cette réédition sans heurt d’un statut de ville libre. Au Ve siècle de notre ère, les vandales la pillèrent comme une grande partie de la Sicile, et la ville déclina. Les byzantins s’implantèrent vers l’an 535.
La ville prospéra de nouveau avec l’arrivée des musulmans en 827. Ils la baptisèrent selon certains en référence au mot « Salam » (signifiant Sain et sûr), et pour d’autres d’après le mot « Salem » (signifiant paix). C’est l’époque où la structure urbaine a pris sa forme actuelle et où furent introduits les épices et de nouvelles cultures, tel que safran, cannelle, agrumes, pêches, abricots, aubergines, asperges, artichauts, ou coton.
La ville continua son développement avec les normands arrivés en 1077, puis avec puis les souabes qui renforcèrent le château notamment.
Après la parenthèse angevine, les aragonais installèrent une baronnie en 1283, puis déclassèrent Salemi en ville féodale en 1296.

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Garibaldi à Palerme en 1860 (de Gustave Le Gray)

Salemi, capitale d’Italie

En 1860, Giuseppe Garibaldi débarqua à Marsala lors de l’expédition des Mille (épisode du Risorgimento), et entra trois jours plus tard à Salemi le 14 mai, accueilli par l’enthousiasme de la population.
Il se déclara à cette occasion « dictateur de Sicile », assumant le gouvernement au nom de Victor-Emmanuel II, futur roi d’Italie. Il hissa le drapeau tricolore au sommet du château normand et proclama Salemi « capitale de l’Italie », titre qu ‘elle garda une seule journée (lien : expédition des Mille).

Patrimoine et visite de Salemi

Centre historique

Largo IV Novembre, Salemi

Largo IV Novembre

Le centre historique de Salemi conserve un tissu urbain hérité des périodes arabe et médiévale, qui se caractérise par des ruelles étroites et ses petites cours, en îlots irréguliers adaptés à la défense et au climat. Il inclut les anciens quartiers du Rabato (d’origine musulmane, rabat indiquant un faubourg fortifié islamique) et de la Giudecca (quartier juif) documenté au moins dès le XIVᵉ siècle, avec une communauté active jusqu’à l’expulsion des Juifs de Sicile en 1492.

Il intègre un pôle muséal installé dans l’ancien collège des Jésuites, regroupant des collections d’archéologie, d’art sacré, du Risorgimento et de traditions locales.

Château de Salemi et ancienne cathédrale Saint-Nicolas

Sur la Piazza Alicia, à l’emplacement de l’ancienne acropole de la ville on trouve les édifices majeurs avec le château normand-souabe (1070-1113) de forme trapézoïdale avec ses tours d’angle, et les vestiges de l’ancienne cathédrale Saint-Nicolas de Bari, qui fut démolie après le tremblement de terre de 1968.

Vue de la tour du château de Salemi

Du haut de la tour du château

L’histoire de la cathédrale remonte probablement à un temple païen antique, transformé en mosquée par les musulmans. Les vestiges de la cathédrale permettent encore d’identifier le plan basilical, avec des éléments de fondations et des fragments lapidaires conservés sur place et au musée.

Les structures du château intègrent des maçonneries réutilisant probablement des phases antérieures, suggérant une continuité stratégique du site depuis l’Antiquité. Il est d’origine normande, remanié à l’époque souabe au XIIIᵉ siècle sous Frédéric II avec le renforcement des courtines et l’adaptation aux nouvelles techniques de siège médiévales.

Ex Cathédrale Saint-Nicolas de Salemi

Ex cathédrale Saint-Nicolas

Il occupe le point culminant du village et offre un large panorama sur la vallée du Belice, la côte occidentale sicilienne et, par temps clair, l’archipel des Égades.
Il joua un rôle militaire stratégique lors des conflits féodaux et durant les réorganisations territoriales du royaume de Sicile, contrôlant les axes reliant l’arrière-pays aux ports de la côte tyrrhénienne et du canal de Sicile.

Musée municipal dans le Collège Jésuite

L’ancien collège jésuite (XVIIe siècle) abrite les quatre sections du musée municipal : art sacré, Risorgimento, archéologie et celui dédié à la mafia. Ce collège jésuite joua un rôle éducatif central à partir du XVIIᵉ siècle, notamment dans la diffusion des humanités et de la rhétorique en Sicile occidentale. Le bâtiment conserve des salles voûtées et des espaces d’enseignement adaptés à la pédagogie jésuite. La façade de l’ancienne église a une belle porte encadrée de 4 colonnes torsadées.

Musée municipal de Salemi

Art sacré, Musée municipal

La section consacrée à la mafia constitue l’un des premiers exemples muséographiques en Italie traitant le phénomène sous un angle historique et social, abordant également les luttes civiques locales et nationales contre la criminalité organisée.

Une section est consacrée aussi à la « pietra campanedda », pierre calcaire de construction locale, qui fut largement utilisée dans l’architecture civile et religieuse de Salemi et des environs, pierre qui se distingue par sa facilité de taille et sa résistance.

La jolie section d’art Sacré abrite une chapelle qui est une copie de la « Casa Santa » de Lorette. Elle rassemble aussi des œuvres d’art trouvées dans les églises détruites par le tremblement de terre de 1968.

La section Risorgimento conserve des documents et des armes de l’histoire des soulèvements de 1848 jusqu’à l’unification de l’Italie, rappelant que Salemi fut proclamée symboliquement première capitale de l’Italie unifiée par Garibaldi en 1860.

Boucle d'oreille en or du musée municipal de Salemi

Boucle d’oreille en or

La section d’archéologie expose des découvertes allant de la préhistoire au moyen-âge, venues des fouilles des environs (Contrada Pitrazzi, Monte Polizo, Mokarta, le centre historique et San Miceli). Elle documente les cultures sicane, élyme, punique, romaine et médiévale sur un même territoire.On y trouve certains objets remarquables dont des vases « en forme de tulipe », une capeduncola de Monte Polizzo, et une boucle d’oreilles en or à tête de lion trouvée près du château.

Autres lieux de Salemi

L’église Saint-Augustin (Chiesa di Sant’Agostino), fondée au XIIIᵉ siècle, est associée à un ancien couvent augustinien. Celui-ci conserve un cloître du XVe siècle présentant des éléments gothique-catalans, caractéristiques de l’architecture des ordres mendiants en Sicile occidentale.
L’église abrite une statue de la Madone du Bon Secours attribuée à Antonello Gagini, ainsi qu’un Saint Luc provenant de son école, illustrant l’influence de la famille Gagini dans la sculpture sicilienne de la Renaissance.

Cloitre du couvent Saint-Augustin, Salemi, Sicile

Cloitre du couvent Saint-Augustin

Elle conserve également un orgue baroque daté de 1711, richement laqué d’or, constituant un exemple rare d’instrument sicilien préservé dans son décor d’origine.

Il existe aussi un Musée du pain rituel (via Giovanni Cosenza, 26), collection privée unique avec plus de 1000 pièces.
Il présente des pains modelés selon des formes symboliques transmises par tradition orale. Ces pains rituels sont liés aux fêtes religieuses et agricoles, notamment celles de Saint Joseph. Ils sont associées à des rituels de protection, de fertilité et de partage communautaire.

L’Écomusée du Blé et du Pain (Ecomuseo del Grano e del Pane) est un musée lié aux traditions agraires et alimentaires. Il met en relation patrimoine matériel, paysages agricoles et pratiques culturelles encore vivantes.

La petite église Sant’Annedda conserve aussi des œuvres remarquables. C’est un petit édifice d’architecture simple, avec des éléments de décor et de mobilier liturgique d’époque moderne. Elle abrite une série de quatorze toiles du XVIIIᵉ siècle illustrant des scènes sacrées de la vie du Christ et de la Vierge, un grand crucifix en bois entouré d’un reliquaire baroque contenant les reliques du martyr Saint Clément.

La Palais Torralta (Palazzo Torralta) est un palais historique important à Salemi, résidence de la noblesse de Salemi datée de 1618, accueillant Giuseppe Garibaldi en mai 1860 et aujourd’hui lieu d’événements culturels. Il conserve des éléments architecturaux d’origine, notamment des portails et des salons nobles.

La Bibliothèque de Salemi forme un patrimoine documentaire majeur, installée dans l’ancien monastère basilien, elle conserve une collection de livres et archives historiques importante (plus de 90 000 volumes), dont manuscrits, incunables et des archives locales du Moyen Âge à l’époque contemporaine.

L’église San Bartolomeo (chiesa di San Bartolomeo), datant du XVIIᵉ siècle, est aujourd’hui lieu présentant des pains rituels lors de célébrations (San Biagio, San Giuseppe). C’est un édifice d’origine baroque tardive, présente un décor intérieur caractérisé par des niches et des autels latéraux dédiés aux confréries locales, des images et sculptures votives associées aux saints patrons locaux, ex‑voto, etc.

Sites alentours de Salemi

À 6 kilomètres à l’ouest, le site préhistorique de Mokarta a gardé les vestiges d’un village sicane de l’âge du bronze (environ XIe siècle avant notre ère) qui fut manifestement détruit par un incendie, et les traces d’une forteresse médiévale. Les fouilles ont mis en évidence des cabanes circulaires et rectangulaires, révélant une organisation domestique structurée.
C’est l’un des rares exemples bien documentés d’architecture protohistorique sicane en Sicile occidentale.
Les trouvailles archéologiques sont exposées notamment aux Fornace Sant’Angelo (un ancien four à briques du XIX-XXe), site illustrant également l’histoire industrielle récente du territoire.

Sur le Mont Polizzo, à 8 km au nord, fut mis au jour les vestiges d’une ville élyme (VIIe-VIe avant J.-C.), occupée par les carthaginois au IVe avant J.-C., puis au moyen-âge avec un village (années 950-1000).
Les fouilles ont révélé un urbanisme structuré, avec maisons à plan régulier et espaces communautaires.

À environ 2,5 km au nord, se trouve les restes maigrichons de la basilique paléochrétienne de San Miceli (fin IVe – VIIe), avec des mosaïques de l’Antiquité tardive et une nécropole.

À proximité de Salemi se trouvent également des zones rupestres et hypogées médiévales, utilisées comme habitats et espaces cultuels, témoignant d’une occupation diffuse du territoire.

Traditions, gastronomie et fêtes à Salemi

Traditions

À Salemi, le pain n’est pas seulement un aliment : il incarne la dévotion, la reconnaissance et la cohésion communautaire. Pendant les grandes fêtes religieuses, les familles ouvrent leurs maisons pour montrer leurs autels et partager pain, soupe et plats avec visiteurs et nécessiteux, selon l’esprit de solidarité lié aux traditions de la région.

Le Carnaval local est aussi marqué par la présence de masques traditionnels comme U Giardinieri, figure satirique costumée animant les rues avec interactions humoristiques.

Festivités religieuses

Le village, d’ordinaire très calme, la Fête de la Saint-Joseph attire beaucoup de monde, qui se déroule sur plusieurs jours autour du 19 mars. C’est la plus grande fête à Salemi, avec l’installation d’autels décorés dans tout le centre historique et des banquets publics accessibles au public.
À cette occasion et lors des autres fêtes religieuses, les villageois ont conservé la tradition de fabriquer des « pains votifs », devenus des objets d’art. C’est aussi l’occasion pour les boulangers d’élaborer des pains spéciaux, ceux-ci étant comestibles. Ces pains façonnés à la main représentent souvent des symboles religieux ou naturels, et sont considérés comme des ex-voto offerts pour remercier les saints de grâces reçues.

Les autres célébrations traditionnelles se tiennent à la Sant’Antonio Abate le 17 janvier, lors de la procession de Saint-Nicolas le 6 décembre (saint-patron de Salemi), à San Biagio le 3 février, mais aussi lors de la procession du Vendredi Saint, ou lors de la Madona della Confusione la dernière semaine d’août.
Cette dernière, la procession de Notre-Dame de la Confusion, célébrée fin août dans le quartier des Capucins, est liée à un culte local très ancien honorant la Vierge dans un moment de deuil et de prière.
Une crèche vivante anime les rues en période de Noël.

Événements et festivals

En mai, on fête aussi les journées garibaldiennes comme dans toute l’île, avec des reconstitutions costumées.
Ces journées commémorent les événements de 1860 menés par Giuseppe Garibaldi, lorsque Salemi fut brièvement proclamée capitale symbolique de l’unification italienne.

Chaque année en août, Salemi organise aussi la Sagra della Busiata, un festival de gastronomie locale où le centre historique devient un parcours culinaire avec stands dédiés à la préparation et la dégustation de la busiata sous différentes sauces et styles, accompagné de musique folklorique. La busiata est une pâte sicilienne longue et torsadée, souvent servie avec des sauces locales comme le pesto alla trapanese ou des ragoûts de viande et légumes.

Gastronomie et cuisine à Salemi

La gastronomie de Salemi s’inscrit dans la tradition sicilienne méditerranéenne, mêlant produits agricoles et influences marines. 
Comme déjà évoqué, le village est réputé pour ses pains rituels qui accompagnent les fêtes religieuses, mais aussi pour sa pasta busiata, une pâte artisanale torsadée typique de la province de Trapani servie avec pesto alla trapanese (tomate, basilic, ail, amandes, olives) ou d’autres sauces locales.
D’autres plats locaux classiques sont la pasta con le sarde (pâtes aux sardines et fenouil), pasta co maccu (soupe crémeuse de fèves).

Les desserts traditionnels incluent les cassatedde (pâtisseries à la ricotta), la sfincia (beignet sucré typique de Sicile) et le buccellato, une pâte sucrée fourrée de figues sèches, raisins et écorces d’orange, typiques des fêtes religieuses comme Noël ou la Saint Joseph.

Parmi les produits régionaux à ne pas manquer figurent la Vastedda del Belice, un fromage à pâte fraîche de la Vallée du Belice, La Vastedda del Belice est un fromage sicilien à pâte fraîche, traditionnellement fabriqué à partir de lait de vache (parfois mélangé avec du brebis), à pâte molle peu ou pas affinée, avec une texture souple et élastique, légèrement salée. Citons aussi l’huile d’olive Nocellara del Belice, typique de la région.

Où se trouve Salemi et carte

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